Interview pour Abus Dangereux, No89, Juillet 2004


1/ Pourquoi ce nom? c'est quoi votre problème avec le rose? est ce que ça a à voir avec les homosexuels socialistes?
Le nom n’a pas de signification particulière, c’est juste un nom stupide pioché dans une liste d’autres noms stupides. On a failli s’appeler Les Jacket Chromes, c’est pour dire... Il y a tout de même cette idée de détester les pauvres cons très contents de leur petite vie confortable, ceux qui voient la vie en rose, style Barbie, juste parce qu’il ont réussi à construire un petit mur autours d’eux, avec leur voiture, leur boulot, leur femme ou leur mari et leur collection de disques... Qu’ils aillent se faire foutre.

2/ Qu'est ce qui différencie principalement Les Hatepinks de Gasolheads, selon vous?
Les Hatepinks sont plus primitifs que ce que pouvaient l’être les Gasolheads, il n’y a pas ce truc Marshall-Gibson, pas que ce soit mal le truc Marshall-Gibson, mais c’est différent avec les Hatepinks. Et puis dans les Hatepinks il y a un Arabe.

3/Comment vous est venue l'idée de cette traduction en français de contrebande sur "Sehr gut rock'n'roll"?
Je ne comprend pas le sens de ta question. Du français de contrebande ? Mes parole sont extrêmement sérieuses et je les ai traduites pour que les punks puissent les lire et les comprendre. Tu crois que je pourrai écrire « Je déteste ma vie / Je déteste cette ville / Je déteste mon pays / et le monde autours » juste pour déconner ? On a horreur qu’on nous prenne pour des rigolos. Schwein !

4/ Coté dérision, vous n'en ratez pas une. De ce point de vue là, les Angry Samoans peuvent avoir été une grosse influence, ou alors non, c'est venu tout seul...
c’est venu tout à fait seul, mais c’est vrais qu’on adore les Angry samoans, tout comme Les Dickies, Les Olivenstein, Les Ramones, Guitar Wolf, et pleins d’autres groupes qui savent un peu manier la dérision.

5/Il y a dans Hatepinks, d'ex-Dollybird, dont le registre était plus pop, est ce que ça peut donner au groupe une inclinaison un peu plus mélodique dans un futur proche?
Jamais il n’y aurait eu ces petits chœurs à la con, style Beach Boys/Beatles sans eux. « My friends are assholes » par exemple, avec des chœurs doublés, style fifties girl’s group. Ils m’ont même parlé de chœurs montés à l’octave. Qu’est ce que ça peut bien être que ce truc ? Mais on va s’en tenir là. Juste quelques chœurs rétros. Par contre on va peut-être s’orienter vers des mixages un peu plus expérimentaux, avec des voix doublées et traitées différemment, des échos un peu psyché-punk. Nos morceaux sont déjà suffisamment mélodiques comme ça à mon sens. On aimerait que l’ensemble reste abrasif et tendu avec des mélodies et des arrangements sucrés. Quelques chose comme les Registrators ont pu faire...

6/Pourquoi cette fascination pour le punk 77/82 et ce qui en découle, nostalgie? vous êtes trop jeunes pour avoir connu ça?
Ce n’est pas de la fascination, c’est simplement que New York en 75, Londres en 76 et Los Angeles en 81 ont vu apparaître quelques uns des meilleurs groupes, des meilleurs labels et des meilleures scènes qu’on ai jamais pu voir. Mais basta ! on refuse d’être considéré comme un groupe revival, tout ce qu’on fait c’est prendre les meilleurs éléments de chaque époque pour faire un truc à nous. Le blues primitif, le rockabilly ou le hardcore nous ont marqués eux aussi. On aime les Buzzcocks ou Richard Hell, c’est vrais, mais on adore aussi les Kinks ou les New Bomb Turks, Wire ou Georges Clinton ou Black Flag. Ça fait quand même un spectre assez large. Quoi ? Qu’est ce que tu dis ? Led Zeppelin ? Naaaaan ! Jamais !

7/ Vous avez ce titre "I'm a gimmick" (new wave punque is fuquing shit), c'est quoi le propos? vous n'aimez pas la concurrence?
Et ne craignez vous pas, vous mêmes, d'être assimilés a ce revival?
Oui on le craint, mais il est évident qu’avec nos cravates rayées, nos converses et nos lunettes roses on donne un peu la batte pour se faire taper. Qu’ils aillent tous se faire foutre !
Ça nous amuse. Et de quelle concurrence tu parles ? « I’m a gimmick » est juste un morceau qui aborde le thème des poseurs sans attitude. Et c’est aussi de l’auto-dérision, oui. Les lunettes rigolotes, les synthés et les t-shirts rayés, c’est bien joli, mais putain ça sert à quoi si tu sonne comme le groupe d’à côté. Et surtout, ça sert à quoi s’il n’y a pas de haine ? Tu fais du punk rock pour être smart ?

8/ Quand sur le split avec The Distraction vous reprenez Swell Maps, c'est vraiment de l'obscur! Z’etes pas élitistes quand même?
Non, je ne crois pas. Certains trous impardonnables dans notre culture musicale nous empêchent de nous poser comme tels. Tout le Krautrock par exemple, faut que je m’y mette, je ne connais pas CAN, pas NEU !, Kraftwerk, bof, ça m’a jamais plu, Captain Beefheart, pareil, le sixties, ouis, pas mal, mais je collectionne pas les groupes obscurs... Pour les Swell Maps, c’est grâce à Dig It ! que j’ai découvert, à force de lire des trucs sur Nikki Sudden je m’y suis intéressé. Et j’ai acheté ces deux très bonnes compils « International Rescue » et « Sweep the Desert » sur Alive records. C’était il y a deux-trois ans seulement. On va sans doute reprendre PVC sur notre second album, un groupe Berlinois de 77. Ou bien les Nipple Erectors. C’est juste pour faire des reprises de trucs pas trop évidents. Non, les vieux punks élitistes et aigris qui se cramponnent à leur vieille collection de vinyles ne méritent que l’indifférence.

9/ "Redbone in the city" votre reprise de Bad Brains sort sur le LP Italien, et sur "parasites like me" aux USA, et nous alors, pourquoi on n'y a pas droit?
Parce que les français sont des gros blaireaux ! Cette grosse bande de porcs dégénérés...

10/ Et justement comment s'est fait le contact avec Unity Squad en Californie?
Chris, le boss du label est aussi The General, guitariste de The Distraction.

11/ Quel est pour vous quatre, le disque fondateur, celui sur lequel vous êtes tous d'accord et sans lequel il n'y aurait peut-être pas Hatepinks?
Le 45 des Plastic Congelators, « My city is sick of pizzas / Kids with no brain »

12/ La scène punk rock Marseillaise commence a avoir un peu de presse, vous en particulier qui êtes même sur un sampler rock et folk, et Lollipop en général, le ressentez vous de façon concrète, propositions de concerts, ventes de disques etc ou c'est juste du vent ?
Pour nous c’est juste du vent. Nos disques ne se vendent pas du tout et on ne joue ni plus ni moins qu’avant. On méprise cordialement Rock & Folk qui n’est qu’une sangsue à la solde des majors et qui ne saura jamais parler de l’underground de manière correcte.
Lollipop se débrouille d’une manière qui nous laisse admiratifs. Stéphane Lollipop est seul et est arrivé à monter ce qu’on considère comme le meilleur label français en ce moment, aussi bien au niveau de l’activité que de la qualité des sorties.
La scène punk rock Marseillaise ? c’est juste 3-4 groupes, Les Neurotics, les Cowboys, Electrolux, Take Shit Back, nous... Un label : Lollipop records, Le café concert : la Machine à Coudre et 3 assos qui organisent des concerts. Mais si un petit phénomène de mode permet de consolider et développer tout ça, pourquoi pas ? Bah de toute façon on voit de plus en plus de petit punks aux concerts qu’on organise. Ils viennent se soûler, pogoter, se droguer et écouter des groupes bruyants, bons ou mauvais. Que demander de plus ?

13/ Voila terminé, mais si vous avez d'autres trucs a dire qui dépassent le cadre un peu restreint de mes questions, allez y, le mot de la fin vous appartient!
Merci à toi, cette interview était bien pour Kérosène, c’est ça ?

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