TOUR REPORT

"IN BED WITH LE HATEPINK"
PARASITE TOUR 2005

Par Stéphane Pena
Photos et commentaire photos par Olivier Gasoil


Rock Und Roll !!!

Les Acteurs:

Huggie Von Pinkbird-Guitare / Nass Le Pink-Basse / Rémi der Pinkbeat-Batterie

Marcu Garvey-Son / Pena-Bière / Olivier Gasoil-Chant

Mercis and Thanks and Danke to Holm Heartbreaker Booking / The Italian guy friends of the Murdercocks / Marco Gonna Puke / The Guy from Bam! fanzine / Veronika / Nolte from Rodriguez / All the nice people in Sankt Polten / The Cool Hardcore kids in Johangeorgenstadt / Axel and the great peole at the Crocodile / Sandro Shoemakers / Motras, but just Olli / Ulli from the Revolverblatt / Ulla and the kind people at the Tommyhaus / Jet Set Radio / Claus und Dean Dirg / Blondie SS... and those we forgot. Fuck you.


Chapitre 1 : Où les Hatepinks commencent à détester les Italiens...


"Comme je le kiffe ce camion!" / Pena electrocution / "I think this is the best squat in Italia..."

04/02/05 (Italy) - Torino - El Paso + Murdercocks
Le vendredi 4 février 2005, les Hatepinks partent pour une tournée européenne de 16 jours. Les Etats-Unis occupent toujours l’Irak, la Corée du nord a fait distribuer à sa population des brochures indiquant comment réagir en cas d’attaque nucléaire, le pape est au plus mal, et Rémi a le même pull que moi. Ça commence bien. On met environ un million d’années à partir, et en route vers Turin, première date en Italie. Précisons que seuls Hugues, Marc et moi avons le permis : Nasser ne l’a pas encore à cause d’un complot de la CIA et Olivier et Rémi ne l’ont plus en raison de leur tendance à emprunter les sens interdits en état d’ivresse. Vers la frontière, je m’empare des clés du camion. Il me semble alors percevoir une légère inquiétude chez mes camarades. « Tu es sûr que tu veux conduire ? » J’insiste : puisque ça doit arriver, autant crever l’abcès. Je n’ai pas conduit une heure qu’un gros con de docteur italien ivre mort nous rentre dedans en essayant de nous doubler par la droite. On perd deux heures à se prendre la tête avec ce ruffian puant le vin qui essaye de nous embrouiller : il ne veut rien signer, il ne veut pas nous donner d’argent, ni qu’on appelle la police (il affirme avec véhémence que si on les appelle, ils vont nous faire « il culo como questo ». C’est une mauvaise idée : Hugues et Nasser, durablement traumatisés par l’expression, la reprendront pendant toute la tournée, ce qui sera nerveusement éprouvant pour leur entourage). Olivier, que tout ça a réveillé, est de mauvaise humeur et crie un peu sans que ça ne semble perturber notre ami Pier Gorgio. Finalement on parvient à soutirer 200 euros à ce sale enfoiré d’imposteur, néanmoins destiné, comme nous tous, à devenir un jour un bouddha, et on repart à la bourre en disant du mal de l’Italie. Personne ne dit rien mais je sais qu’au fond d’eux ils pensent tous que c’est ma faute et ils regrettent de m’avoir emmené. Bref. Arrivés à Turin on se perd un peu avant de trouver le « El Paso », un squat immense et superbement décoré —mais très froid, avec une super librairie anarcho-narco-situationniste où j’achète un bouquin en italien sur les crapauds hallucinogènes.


Olivier Gasoil se réchauffe le couilles / Huggie sympathise avec les italiens / Aprés un bon joint, plus personne fait le malin...

L’organisateur m’emmène toucher un très bon shit dans un parc plein de junkies qui se fixent sur les bancs. Après deux groupes dont je ne me souviens pas, et oui je suis déjà bourré, les Hatepinks font un bon concert, mais le public reste plutôt calme et poli.


Marc débute un sketch...

On se finit la tête dans une ambiance légèrement décadente, et au lit.

Chapitre 2 : Où les Hatepinks détestent les Italiens...


Un drame shakespearien se met en place...

05/02/05 (Italy) - Viterbo / Roma - Garage
En émergeant du sommeil j’envisage très sérieusement de me faire déposer à la gare et de rentrer sagement chez moi. La seule pensée qui parvient à traverser ma gueule de bois c’est qu’à l’âge où je devrais être professeur d’université, faire la fierté de mes parents et gagner de quoi mettre ma femme et mes enfants à l’abri du besoin, je traîne avec des vieux rockers de trente-cinq ans dans des squats anarchopunks avec pour seule ambition de boire le plus possible de bières gratuites et de passer pour un mec cool auprès de gens que je ne reverrais plus jamais. Et puis je pense à toutes les bières qu’il me reste à boire et ça va un peu mieux. Grosse route jusqu’à Viterbo, près de Rome. On se perd un peu en Toscane histoire de gagner du temps. Les Hatepinks jouent pour l’ouverture d’un club, le « Garage », un genre de grand hangar plutôt bien aménagé mais glacial. On doit dormir dans un ancien couvent aménagé en pension, ce qui semble chouette au premier abord. Sauf que c’est à trente kilomètres du club. Et que le chauffage y laisse à désirer. Et qu’il n'y a pas d’eau. Bref. Les Hatepinks font un bon concert, mais les gens sont mous. Il y a même une fille déguisée en gorille, mais elle ne danse pas, elle est juste plantée là déguisée en gorille, c’est très bizarre. Après le gig ça tourne un peu à la boîte de nuit, mais c’est pas l’ambiance de folie, malgré la performance d’un type, visiblement sous extas, qui aime et embrasse tout le monde (sauf moi, il me regarde juste d’un air bizarre, je pense qu’il me déteste) et qui finit par montrer son cul perché dans la cabine du sonorisateur. On boit quelques verres, on fume deux joints, les Hatepinks répondent à une interview dans les chiottes (punk rock), et on commence à songer à rentrer. Mais l’organisateur, qui, je le précise, nous a plus tôt dans la soirée fait décharger sa voiture des paquets de chips et des bières, et porter ses caisses d’alcool, en a tout a coup eu marre de nous attendre et nous a planté là. Tout le monde est bourré et défoncé, et personne n’est sûr de se souvenir du chemin jusqu’à la pension. Il me semble évident qu’on va se perdre et mourir de froid dans le camion. Avant de partir, on se dit qu’on va faire le plein, mais cette opération simple a priori se complique et on fait trois ou quatre fois le tour d’une pompe à essence, ce qui attire l’attention d’une voiture de carabinieri, qui viennent gentiment voir si on serait pas des terroristes ou de dangereux trafiquants. Deux mecs aussi bourrés que nous, qui contrôlent nos identités en se foutant de nos gueules. Par je ne sais quel miracle on échappe à la prison, on retrouve sans problème le chemin du retour, et on va se coucher dans le froid en disant du mal de l’Italie.


Les effets du Stilnox sur la jeunesse / Hugges, décadent, se moque des vieux...

Chapitre 3 : Où les Hatepinks voient le bout du tunnel...

06/02/05 (Italy) - Ostiglia - Red Fox + The Terminals
À peine partis on se retape une petite séance de carabinieri, plus consciencieux cette fois : contrôle d’identité, vidage de poches, fouille des sacs, ça dure un bon moment. Les autres me font garder le shit dans ma chaussure, je les soupçonne de vouloir me faire porter le chapeau en cas de problème. Mais personne ne regarde dans ma chaussure. On repart donc, et après une route sans histoire on se perd juste un peu et on arrive à Ostiglia, dans un pub qui fait penser à « Friends » en plein cœur d’une zone qui fait plutôt penser à Plan-de-Campagne. Petite parenthèse : en Italie, il est interdit de fumer dans tous les lieux publics. Le rêve américain. Les Hatepinks font un concert fantastique devant huit personnes. On est censé dormir chez le gars qui organise, mais ses parents ne sont pas d’accord. Alors on dort chez un autre gars, qui nous explique que son père n’est pas vraiment content à ce sujet et qu’il ne faudra pas faire de bruit ni fumer. À peine arrivés dans la chambre, tout le monde s’empresse de gober des Stilnox, de fumer plein de pétards, et de discuter très fort jusqu’à deux heures du matin de sujets aussi variés et passionnants que la sodomie ou la forme de l’âme.
« Le Stilnox c’est la liberté » Olivier Escobar, 06-02-2005

 

Chapitre 4 : Où les Hatepinkscommencent à perdre l'un des leurs...


Pena débute une phase parano / Veronika / Hugues commence à devenir inquiétant...

07/02/05 (Austria) - Gras - The Sub
Tout le monde est plutôt content de quitter l’Italie. Hugues arrête d’insulter tous les automobilistes ; Marc est de retour dans son pays adoptif ; Olivier a les narines qui frétillent : il ressent l’appel de la Wurtz. Normalement aujourd’hui c’est day-off. On doit passer deux jours à Graz chez Veronika, une copine à Marc. Mais les Hatepinks, qui veulent vivre une vie intense, préfèrent s’incruster au dernier moment dans un concert qui a lieu dans une salle anarchopunk. Ils jouent donc en première partie de trois groupes de Death-Métal et tout le monde s’en fout et c’est bien fait. Nasser insulte les américains en présence d’un des groupes, américain, avant de s’apercevoir qu’ils parlent français. Après quoi on va se bourrer la gueule au Music House, un bar dont un des murs est orné d’une statue géante de la tête de Schwarzenegger. Olivier s’allonge aussitôt sur une banquette pour faire un petit somme. Puis on rentre chez Veronika et on se défonce au shit. Hugues commence à donner des signes de faiblesse : il n’arrête pas de répéter qu’il n’est qu’une merde, il pense que tout le monde le déteste (je ne le comprends pas : il est pourtant évident que c’est moi que tout le monde déteste), ce qui provoque chez Marc un fou-rire de dix minutes et finalement tout le monde va se coucher.
08/02/05 (Austria) - Day Off - Gras
Relâche. On fait un tour dans Graz, c’est carnaval aujourd’hui mais on s’est levé trop tard pour voir le défilé. Plein de monde dans les rues, un froid implacable : Nasser croit que sa dernière heure est arrivée. Olivier mange une Wurtz, on boit un thé dans un bar cosy puis on va chez une copine de Marc regarder « Le monde de Nemo » en DVD en mangeant des pizzas. Punk rock. Après quoi on va boire un coup dans un bar-bowling-billard où Marc retrouve des copains et où Hugues se fait engueuler en allemand par un vieux Nazi (peut-être à cause de son vernis à ongles rose)... Tout le monde décide de retourner au Music House où il y a une grosse soirée, sauf Olivier et moi, Olivier parce qu’il a du sommeil en retard et moi parce que j’ai peur des gens. Le lendemain ils nous raconteront qu’il y avait un type bourré qui dormait la tête sur le comptoir avec son pantalon qui baillait, et que Nasser lui a foutu des pailles dans la raie du cul, et que quand il s’est réveillé, et ben il est reparti comme ça avec ses pailles dans le cul. Délire. Je regrette d’avoir manqué ça.

 

Chapitre 5 : Où les Hatepinks perdent pied...


Flyer du Motherfuckin' Show! / Huggie se la donne sévère / Rémi se branle des convenances...

09/02/05 (Austria) - Klagenfurt - Pankraz + The cretins


Photos du concerts... je sais pas par qui???


Trajet sans histoire. Concert à Klagenfurt, au Pankraz, chouette bar. Très bon concert, le public est à fond et pille le stand. Juste à la fin du concert, le patron va voir Olivier sur scène pour le féliciter et lui donne un billet de 50 euros. Soit c’est une prime, soit c’est pour qu’ils arrêtent. Par contre, quand on va au bar commander des Gin-Tonics, il nous dit « désolés, les gars mais vous avez déjà bu 17 alcools en plus des bières alors on va arrêter là... » On passe un certain temps à essayer de calculer si c’est beaucoup, 17 alcools, et puis finalement on s’en fout.


Marc semble perplexe... / Photos du concerts... je sais pas par qui???

On finit la soirée chez Nolte, l’organisateur, très gentil, qui n’arrête pas d’amener des bières et des saladiers de pop-corn, si bien qu’on finit par être tous bourrés et que quelqu’un lance l’idée de prendre des Stilnox. Après ça dérape.


Nolte se demande ce qui se passe / L'amitié n'est plus franchemant virile / Pena, 2 secondes avant de sortir sa queue...

Hugues, sous les encouragements d’Olivier, se fout à poil pour continuer la soirée à l’aise. Rémi trouve que c’est une bonne idée, et l’imite, puis s’accroche un panneau « ne pas déranger » à la bite. Nolte hallucine un peu, je pense.


Arrrgh.... / Aucuns commentaires...

Des photos compromettantes ont été prises ce soir-là, que vous pouvez trouver si vous vous en donnez la peine.

 

Chapitre6 : Où les Hatepinks font les rock-stars...


Flyers trés joli.../ Photos du concerts par picbox.net

10/02/05 (Austria) - Sankt Pölten - Musikbeisl Egon
Gueule de bois. Tout le monde passe la journée à se sentir vieux et fatigué. Grosse route, je conduis et j’ai même pas d’accident. Sankt Polten. Bon concert dans une chouette salle voûtée, pleine de petits punks hyper-lookés de 16 ans.

Une gamine fait dédicacer leur affiche aux Hatepinks et ces nazes se gourent en écrivant son prénom.

Chez Thomas, chez qui on dort, quatre ou cinq petits jeunes sont là dans le salon où on doit dormir, à bloquer la télé, un DVD sur les Ramones vieux. On finit par les faire partir à force de déplier nos duvets et de se mettre en caleçon. Ils voulaient peut-être délirer avec des rock-stars, et ben c’est raté.

 

Chapitre 7 : Où les Hatepinks détestent la Tchéquie...


Les éléments du drame s'imbriquent irrémédiablement...

11/02/05 (Germany) - Johanngeorgenstadt - Jugendclub am Bahnhof + Jetset Radio
Aujourd’hui on quitte l’Autriche. Pour rejoindre l’Allemagne on traverse les plaines mornes et enneigées de la République Tchèque. Le trajet passe sans problème jusqu’au tout dernier moment, et soudain, alors qu’on est plus qu’à une vingtaine de kilomètres de notre destination, Johanngeorgenstadt, le monde bascule et les portes de l’enfer s’ouvrent pour nous engloutir. En cinq minutes, on se retrouve sur une petite route de montagne déserte qui ne figure pas sur la carte, les panneaux indicateurs disparaissent, la nuit, le brouillard et la neige tombent d’un commun accord, rien n’est indiqué et on passe plus de trois heures à se perdre et faire des demi-tours. Alors que tout le monde est persuadé qu’on va se perdre dans la neige, dormir dans le camion et mourir de froid, on rencontre finalement des êtres humains (enfin il me semble) qui nous indiquent la direction. Sauf qu’on arrive dans un genre de station de sport d’hiver, d’où on peut rejoindre notre destination, mais uniquement à pied. On repasse encore une petite heure à tourner et finalement on passe la frontière en disant du mal de la Tchéquie et en se jurant qu’on y mettra plus les pieds. Au bord de la crise d’hystérie, on trouve Jean-georgeville et le lieu du concert, une salle des fêtes sympa, pleine de hardcoreux de 16 ans qui passeront la moitié du concert à pogoter et l’autre moitié dehors à faire des batailles de boules de neige. Il y a aussi un skin de 1m30 qui semble être la mascotte de l’équipe. Les Hatepinks retrouvent leurs vieux copains des Motras et des Shoemakers, des allemands sympas qu’ils ont connus pendant leur tournée de l’année dernière, qui connaissent toutes leurs chansons par coeur et crient dans le micro pendant le concert. Je crois que les Hatepinks sont un peu leurs idoles. Très bon concert, tout le monde pogote et slame, et quand j’abandonne un peu mon stand pour prendre des photos, l’appareil numérique dans une main et une bière dans l’autre, une vague du pogo me percute de plein fouet et m’envoie me démonter le dos contre un radiateur.


Derrière l'appareil : Pena, deux secondes avant de tester la rudesse des pogo teutons et la solidité des radiateurs allemands...

J’en conclus qu’ici aussi tout le monde me déteste. Je suis obligé de boire beaucoup pour faire passer la douleur et le reste de la soirée, en ce qui me concerne, s’estompe dans un brouillard éthylique.


Les trois mousquetaires, Jointos, Stylnox et Xanaxis...

Ha oui, y'a Jetset Radio qui a joué en première partie. Des gamins de 19 ans pas très communicatifs. J’ai pas vraiment écouté.

 

Chapitre 8 : Où les Hatepinks donnent un concert du tonnerre...


...mais Pena, ayant sombré dans l'enfer du Stilnox, ne s'en rend même pas compte...

12/02/05 (Germany) - Whuta-Farnroda - JH Crocodile + Jetset Radio
Ce soir les Hatepinks jouent dans un bled au nom imprononçable. On quitte les montagnes enneigées de l’ex-Allemagne de l’Est, je trouve ça très joli, bien que j’aie extrêmement mal au dos. On fait une escale à Erfurt, charmante petite ville qui fait un peu penser au village de Oui-Oui, mais bon... On se perd un peu en arrivant à Whuta-Fernroda mais on finit par trouver le Crocodile, sous la pluie, au milieu d’une grande cité sinistre et déserte. Grande salle, Chouette bar. Jetset Radio jouent ce soir encore. Finalement ils s’avèrent gentils et timides. Il y a aussi un autre groupe, dont malheureusement pour l’histoire de la musique aucun d’entre nous n’a retenu le nom. Trois types un peu vieux en treillis avec du super matos. « La même batterie que Ringo Star », me dit Hugues, avant d’aller prendre un cachet contre la fièvre. Tout le monde fait moulte spéculations sur ce qu’ils vont jouer comme musique, jusqu’à ce que, tels des super-héros, ils tombent les treillis, révèlent leurs chemises noires, leurs cravates blanches, et s’avèrent être un groupe de reprise trop naze qui nous sert tous les tubes du Mouv’ (enfin, du Mouv’ est-allemand, j’imagine) : Hives, White Stripes, Mick Jagger... En plus ils jouent 1 h 20, ils ne veulent plus partir, tout le monde les critique dans le bar. Quand par désœuvrement je me décide à installer le merchandising, avant même que les HP aient commençé à jouer, une nuée de gamins de 16 ans avec des dégaines de folie s’abat sur le stand et achète tout ce qu’ils peuvent, c’est l’hystérie. On sent que ça ne fait pas si longtemps que ça que les Allemands de l’Est ont eu accès à la consommation et à l’expression de soi.


L 'attente dans les loges est un moment diablement éprouvant / Mais le show est terrible les amis!

Ils ne sont pas encore blasés. Le concert semble bien se passer, et on va dormir chez Axel, dont la famille a visiblement bien vécu la transition au capitalisme.


Tiens, une bière! / On a déjà vue cette photo, mais quel plaisir! / punk posers

Mais on ne va pas se plaindre. Il habite le premier étage de la luxueuse baraque de ses parents, un appartement immense, chaud et confortable où on finit tranquillement de se bourrer la gueule.

 

Chapitre 9 : Où les Hatepinks pataugent dans la neige communiste...


Ouch! Nasser a bien faillit se faire mal. Plus de peur que de mal!

13/02/05 (Germany) - Chemnitz - Subway To Peter
Aujourd’hui c’est l’anniversaire du bombardement de Dresde, où les Hatepinks jouent demain. 130 000 morts. Plus qu’à Hiroshima, mais avec des bombes gentilles. Les Etats-Unis ont pris lors de la deuxième guerre mondiale l’habitude discutable de faire tomber les dictatures en écrasant leurs populations sous les bombes. Les néonazis du coin ont prévu de faire une grosse manif pour dire que c’est pas bien d’avoir fait ça. Et au petit déjeuner les Hatepinks, qui n’ont pas vraiment le sens de l’Histoire, se moquent de mon pyjama nounours.


Le sourire charmeur de Marc, mais avec un chapeau / Pena perd contact avec la réalité / Notre beau camion rouge...

Dans l’après-midi on arrive à Chemnitz, anciennement Karl Marx Stadt, comme en témoigne une immense statue de la tête du Père Noël, qui trône au pied des immeubles à la mode stalinienne-70’s. Marc, Hugues (qui est malade) et moi devons faire une lessive : ça tombe bien, Marc, qui a visiblement vécu de grands moments ici, se rappelle parfaitement où il y a une laverie. On part donc sans prêter attention à Olivier qui essaie de nous faire la leçon en nous expliquant que lui il a pris 16 slips, puisqu’on partait 16 jours. A la laverie, on met une heure quarante cinq à comprendre comment mettre nos sous dans la machine à payer, qui fonctionne vraisemblablement selon les principes du matérialisme dialectique, en plus compliqué. On passe le moment le plus ennuyeux et insignifiant de la tournée à regarder tourner le linge à travers les hublots, pendant que la neige se remet à tomber. Puis on rejoint les autres pour boire du vin chaud au Moscow Café, un endroit immense et plutôt agréable. Après quoi on enlève les 10 cm de neige qui recouvrent le camion et on rejoint le « Subway to Peter », club chaleureux et un peu exigu aux salles voûtées, où le patron nous régale d’un repas très équilibré à base de champignons pané et de pommes de terres panées. Avec du ketchup.
Concert un peu mou, le public ne délire pas trop, il faut dire que la place manque un peu. Il y a même un groupe qui joue aux cartes à côté de la scène. Ca énerve Olivier, qui saute sur leur table, et piétine leur jeu. Ils le regardent faire sans réagir, et quand il a fini, reprennent tranquillement leur partie. Le flegme germanique. Heureusement que le fan-club allemand des Hatepinks est présent, en la personne de leurs amis Motras et Schoemakers, histoire de faire un peu de bruit. Moi je m’en fous, je suis de mauvaise humeur. Personne ne s’intéresse au stand, je vois pas le concert, et les champignons panés me restent sur l’estomac : j’ai déjà bu deux litres de bières et impossible d’être bourré. En chargeant le camion, Nasser glisse dans la neige et manque de mourir écrasé sous son ampli.


On dirait un strip comique. 1-Le félin avant l'attaque 2-Le félin en détresse

Puis le patron invite tout le monde à boire un verre de gnôle. Chouette, je me dis, du Schnaps, ça va m’aider à digérer. Allez, tout le monde cul sec. Arhhhgg c’est quoi ce goût ? Ha oui c’est bien de l’ail. De la liqueur d’ail, faut être Allemand pour inventer un truc pareil. Est-ce par volonté bien intentionnée de rappeler aux méditerranéens que nous sommes les doux arômes de nos terres natales ? En tout cas j’ai jamais rien bu d’aussi infect et comme par magie, je suis bourré.


Un autre strip comique : 1-juste avant de boire la boisson maudite 2- la con de leur mère les Allemands pourris!

Après une tournée de liqueur de café et une autre de liqueur de menthe, genre pour le dessert, on décide d’y aller. Prévoyant, j’embarque quelques bières pour finir la soirée.

 

Chapitre 10 : Où les Hatepinks se prennent la honte à cause d'un roadie...


Marc est ligoté comme un saucisson...

On enlève les 25 cm de neige qui recouvrent le camion et Marc complètement saoul prend le volant pour les 500 m qui nous séparent du local où on pieute. 500 m pendant lesquels il trouve le temps de faire un ou deux dérapages frein à main bloqué au milieu de la route, et de griller un stop. Comme on arrive vivants malgré tout il commence à se jeter dans la neige et à faire des tacles à Nasser qui n’est pas assez tombé à son goût. Arrivés dans la chambre, une grande pièce aux murs recouverts des posters de tout les groupes qui ont joué au Subway depuis des années, je fais tomber une ou deux bières par terre, histoire de marquer le coup, puis Marc, de nouveau saisi de folie, commence à sauter partout en arrachant tous les posters des murs. Les autres se jettent sur lui pour le maîtriser, il se défend pas mal, parvient à déculotter Hugues et à lui administrer une fessée, mais cède sous le nombre et finit ligoté par une serviette, un poster en boule dans la bouche...


Hop! Une fessée à Huggie Von Pinkbird / Le repos de Défonceman...

Le calme revenu, Nasser entreprend de compter la caisse des cachets et finit par jeter tous les billets en l’air en criant « Nous sommes riches ! ». C’est beau comme dans un film américain. C’est alors que quelqu’un lance l’idée de prendre des Stilnox. Et la soirée bascule dans la glauquitude. C’est d’ailleurs le moment que choisit Sandro, des Shoemakers, pour rappliquer avec deux petites allemandes qu’il a branchées pendant la soirée. Elles débarquent, un peu effarées, dans cette ambiance bizarre, au milieu de tout ces types au regard vitreux et aux ricanements sournois.
Tout le monde finit par avoir honte et va se coucher, sauf Rémi qui tente de draguer les allemandes. Il finit par faire un strip-tease devant elles sans que ça ne semble les impressionner plus que ça, alors il va se coucher aussi. Super soirée.

 

Chapitre 11 : Où les Hatepinks perdent Hugues...


Nasser abuse de son charme oriental, mais ce soir là il jouera comme une crotte.

14/02/05 (Germany) - Dresden - Groove Station
On se réveille toujours aussi honteux, dans un décor de fin du monde. On range autant que possible, puis on s’en va prendre le petit déjeuner au Moscow Café, après avoir dégagé le camion des 45 cm de neige qui le recouvrent. Hugues, qui est malade, demande à Olivier de traduire ses symptômes à la pharmacie, et direction Dresde, où les nazis n’ont apparemment pas provoqué de révolution. On trouve le club sans problème et on va flâner tout l’après-midi dans le quartier, où je trouve un super magasin de défonçés qui vend des accessoires pour fumeurs de cannabis, ainsi que des Herbal Extasys, de grosses gélules pleines d’herbes diverses et légales censées avoir des effets se rapprochant de leur homonymes prohibés. Pour en avoir testé quelque uns, je sais que ces trucs sont rarement efficaces, mais tout le monde se sent d’essayer, alors on demande conseil à la vendeuse et on achète nos pilules à la pièce comme de gentils junkies prêts à toutes les expériences. Soundcheck au Groove Station, une grande salle très chouette avec un son pas terrible puis bouffe à l’appart de Ulli, où on doit dormir. Concert sympa, pas mal de monde. Puis tout le monde gobe ses trucs. Trois quart d’heure après tout le monde a la gerbe. Super la défonce légale. Le seul à ressentir un effet prononcé c’est Hugues : « Putain les mec je fais un mauvais trip. » Ha ha ha, tout le monde se moque de lui, un bad trip sous Herbal Extasy faut le faire. Mais on a tort de rire.


Huggie arrive encore à donner le change / Mais son imitation de Keith Richards ne trompe personne...

La soirée suit son cours. On boit des coups, tout le monde danse une peu, Marc discute avec une copine qu’il a retrouvée et Rémi drague des françaises qu’il a abordées l’après-midi et qu’il a invitées au concert. Hugues, qui croit que c’est des allemandes, s’approche de lui et lui tape sur l’épaule en disant très fort « Alors tu vas troncher ce soir ? ».


La danse est venue habiter le corps d'Olivier Gasoil / Ses amis lui font une ovation méritée!

A la suite de quoi son bad trip redouble d’intensité et il va se coucher dans le camion. Je sors me promener un peu dans le quartier histoire de faire passer la nausée en me disant que le chimique c’est quand même plus sain que le naturel. Quand je reviens, un peu inquiet quand même, je prends des nouvelles de Hugues. « Olivier l’a raccompagné à l’appartement, il fait une méga crise d’angoisse. » Ha bon. Le pauvre. Je bois quelque coups en essayant de parler à des gens, et Rémi arrive en me disant « Hugues m’a appelé trois fois au téléphone, il paraît que tu as des Xanax, il lui en faut, il a fouillé dans ton sac mais il les a pas trouvé. » Normal, ils sont dans le camion. J’appelle Hugues qui semble au six-cent-soixante-sixième dessous. « Au secours mec, par pitié, il me faut des Xanax, me laisse pas tomber, ça va pas là, je vais mourir. » « Ok, je dis, ils sont dans le camion, je les prends et je te les amène ». « Ha ouais merci mec, mais le problème c’est que c’est moi qui ai les clés du camion ». Hum. Je vais donc chercher les clés à l’appart, où m’attend une vision d’horreur : le contenu de mon sac éparpillé par terre et Hugues gisant à côté, me regardant avec le regard implorant d’un cocker dépressif. Je reviens chercher les médocs dans le camion, je retourne à l’appart. Nasser est rentré entre temps, et essaie de calmer Hugues, qui gémit et répète qu’il va mourir. Je lui dis de prendre deux Xanax comme ça ça sera réglé. On se couche. « Pitié les mecs n’éteignez pas la lumière, j’angoisse là. » Bon, on laisse la lumière allumée. Puis Rémi arrive, à moitié pété. Il reste un peu là, assis sur son matelas, avec moi qui essaie de bouquiner, Nass qui essaie de dormir, et Hugues qui gémit de temps en temps. L’ambiance est tellement délirante qu’il décide de retourner se bourrer la gueule au club. Hugues en profite pour me demander un autre Xanax. « Heu ben si tu veux mais je sais pas si ça servira à quelque chose... » « Ste plait mec, je vais pas bien là, je vais mourir ». Bon, il prend son troisième cachet. Puis on finit par le convaincre qu’il vaut mieux éteindre et qu’il essaie de dormir. Au bout de cinq minutes, je l’entends se lever et se faufiler jusqu’à mon sac « Stéphane je peux te prendre un autre Xanax, ça va pas du tout là...» C’est alors que je décide de me désintéresser totalement de la question et de me réfugier dans mes rêves. Ma dernière pensée avant de plonger dans le sommeil c’est que la drogue c’est vraiment de la merde.

Chapitre 12 : Où les Hatepinks s'inquiètent pour Huggie...


Le Tommyhaus est un trés beau Squat

15/02/05 (Germany) - Berlin - Tommyhaus
Réveil pénible. Hugues semble aller mieux, jusqu’au petit déjeuner : « Putain les mecs j’ai une remontée là... ». Tout le monde décide de l’ignorer. On prend la route pour Berlin, où on se perd un peu et on finit tomber presque par hasard sur le Tommyhaus. Un super squat, un immense immeuble entièrement occupé, où vivent une cinquantaine de personnes. On nous montre notre chambre, où il y a la télé et Internet, et où, du coup, on bloque tout l’après-midi sans même aller se promener dans Berlin. La crise d’angoisse de Hugues ne s’arrange pas ; Nasser essaie de le convaincre que ça ira mieux s’il danse en rond en psalmodiant « Klagenfurt, Klagenfurt... ». Le pauvre doit vraiment aller très mal, car il essaie. Ca ne marche apparemment pas et il s’effondre dans le canapé, un duvet sur lui, le regard vitreux, jusqu’au concert.


Olivier Gasoil essaye de faire rire Hugues / Nasser est trés inquiet pour son ami en perdition...

Ce soir un groupe italien dont j’ai oublié le nom joue avant les Hatepinks. Il jouent deux morceaux plutôt bien puis jettent leurs instruments par terre et se cassent. Le jeu de la soirée, alimenté par leurs déclarations contradictoires, sera de savoir si c’est leur concept ou s’ils étaient dans un mauvais soir. Mais en fait tout le monde s’en fout un peu de eux.


Recette de cocktail : 1-Un nazi qui se la pète + 2-un barbu défoncé = 3-un arabe à moustache

Quand c’est aux Hatepinks de jouer, Nasser va chercher Hugues dans la chambre, et celui-ci, héroïque et bouleversant de professionnalisme et d’abnégation, se lève sans un mot, donne un super concert, et retourne se coucher immédiatement après. Sandro-des-Shoemakers, qui est, je tiens à le dire ici, un mec adorable, nous a rejoint dans la soirée. Ulla, l’organisatrice nous a procuré une herbe de destruction massive, et tout le monde est impatient de la goûter. Je roule un joint sur le stand, et on va l’éclater au bar du squat. Et c’est parti pour une soirée dans la quatrième dimension. Tout le monde commence à dire n’importe quoi et à rien comprendre. Sandro, qui ne fume pas et ne parle pas français, nous regarde faire, un peu perplexe, mais les autres me disent qu’apparemment avec les Hatepinks il a l’habitude. Il se rattrape d’ailleurs en branchant Ulla avec une certaine conviction.


Nasser lui aussi est au bout du rouleau...

On discute un peu de Hugues, tout le monde s’inquiète pour lui. Marc et Nasser échangent leurs doutes concernant la nature ambiguë de mes relations avec Olivier. Un type bizarre marche dans tout le bar comme un zombi en répétant « Sehr Gut Rock Und Roll. ». Il semble que ce soit sa manière d’essayer d’entrer en communication avec les Hatepinks mais pas de chance, ils sont encore plus défoncés que lui.


Le Roadie roule des joints au lieu de tenir le stand / Marc supporte trés bien la fumette / Ulla, l'ange du Tommyhaus...

C’est alors que je me rends compte soudain que tout le monde parle de moi, y compris les mecs au comptoir et les paroles en Allemand de la chanson qui passe. J’en déduis que ma vieille copine la parano est venue me rendre visite et que c’est le moment de sortir faire un tour. Dehors je cours un peu dans la neige pour m’aérer la tête, je manque de me perdre, et Dieu m’apparaît sous la forme d’un grand immeuble porteur d’un message d’amour. Après ça va beaucoup mieux. Quand je rejoins le groupe tout le monde s’est mis d’accord pour partir en expédition kebab. J’hésite à rejoindre Hugues dans la chambre pour partager sa détresse plutôt que de me lancer là-dedans, et puis les paroles du Bouddha me reviennent en mémoire : « La vie n’est pas un problème à résoudre mais une réalité à expérimenter ». Je ne vois pas vraiment le rapport, mais bon... On part donc, cinq français défoncés plus un allemand ivre, glissant et râlant, à travers une espèce d’immense cité stalinienne déserte et verglacée, à la recherche d’un snack ouvert. J’ai l’impression qu’on marche des heures, et juste quand je commence à être persuadé qu’on va se perdre et mourir de froid, l’instinct surnaturel d’Olivier pour tout ce qui concerne la nourriture nous amène droit sur un kebab, où on s’engouffre avec des grognements d’animaux traqués.


Un Kebab pour rien... / Matin glauque dans un squat Berlinois...

On mange nos sandwich même pas bons dans une ambiance un peu étrange, et on repart. Sur le trajet Marc a un fou-rire d’environ quarante minute sans que personne ne comprenne ce qui le fait rire (il a de la chance, ça me rappelle quand j’avais dix-huit ans et que je commençais à fumer des pétards. Avant que je devienne complètement fou). On marche des heures, et alors que je sais sans l’ombre d’un doute qu’on va jamais retrouver le squat, se perdre et mourir, et ben on arrive quand même. Personnellement je trouve tout ça très bizarre. On rejoint Hugues qui a passé une super soirée, on fume un dernier joint qui sert à rien et on se couche. Rideau.

Chapitre 13 : Où les Hatepinks se moquent d'un mourrant...


Olivier Gasoil se moque, mais Marc voit la lumière au bout du tunnel...

16/02/05 (Germany) - Magdeburg - Mikrokosmos
Je me réveille en me disant que tout le monde me déteste. Tout est donc rentré dans l’ordre. Hugues semble sortir du gouffre, ce qui nous rassure tous, sauf que maintenant il est de nouveau malade. Marc lui aussi commence à se sentir patraque. On quitte le Tommyhaus avec regret, on prend le ptit dèj dans un café décoré en style Hawaïen, on dit au revoir à Sandro, et on va se promener un peu dans Berlin, histoire que ces gonzesses fassent quelques fripes et que Hugues dévalise une ou deux pharmacies. On part sans voir le mur, dommage, direction Magdeburg, où les Hatepinks jouent au Mikrokosmos, une très chouette salle, dans laquelle au dire des groupes il n’y a jamais personne. Ce soir ne fera pas exception à la règle. Quand on arrive, Marc est définitivement très malade, au point de faire des inhalations au mépris du ridicule.


Illustration: un homme qui méprise le ridicule / Par le pouvoir du Crâne Ancestral / deux pitres dans les loges...

Le groupe joue devant six ou sept personnes, on boit un peu, on s’amuse avec un squelette humain qu’Olivier a déniché backstage, et comme finalement c’est chiant on réveille Marc et on rentre se coucher. Prévoyant, je remplis mon sac de bières pour la soirée.


Super show avec un drap à pailletes rose sur la tête...

Le gag de la soirée c’est que le chauffage est cassé chez le mec qui nous héberge, et il doit faire moins douze dans notre chambre. Le gars nous a gentiment branché un petit radiateur électrique, autour duquel on s’agglutine tous comme des hommes des cavernes en quête de chaleur. On fume quelques joints qui ne nous réchauffent pas du tout et dodo.

Chapitre 14 : Où les Hatepinks font la fête et méprisent leur roadie barbu...


Olivier Gasoil est content, et derrière Nass Le Pink se la donne...

17/02/05 (Germany) - Köln - Sonic Ballroom + Blondie SS
Je suis réveillé vers 6 ou 7 h du mat par le froid le plus intense, le plus douloureux que j’ai jamais ressenti. Je me lève en tremblant de tout mes membres, j’ai mal au bide, je tousse, et dans un éclair je comprends soudain ce que ça fait d’être le pape. Evidemment, il n’y a pas de PQ dans les toilettes, et rien à manger dans la cuisine. Je commence à être de mauvaise humeur, alors pour me venger je réveille tout le monde. Marc a une tête de zombi et 39 de fièvre. Je mets dans mon sac toutes les bières qu’on a pas bues et on part dans la joie et l’enthousiasme pour Köln. Ca fait plusieurs fois que j’accompagne des groupes là-bas, et je suis content d’y retourner, ça me console un peu de me faire chier dans ce camion pourri avec cette bande de nazes qui peuvent pas me sacquer et je le leur rends bien. On mange dans une station service ignoble où le serveur nous méprise totalement, et où Olivier est vraiment dégoûté parce qu’il a commandé cinq Wurtz et qu’elles sont toutes petites. Ha oui, et puis Hugues perd le bouchon d’essence sur la route.


Les meileurs moments en tournée : charger et décharger le camion / Concert au Sonic Ballroom...

Arrivés à Cologne, on s’émerveille devant les aménagements apportés au Sonic Ballroom, qui était un bar très chouette et qui est devenu un club fantastique, avec une vraie scène et tout. On boit quelques bières, je commence à me sentir mieux. Ce soir un groupe appelé Blondie SS fait la première partie. Ils ont pas peur pour des Allemands d’avoir un nom pareil, mais ils sont plutôt sympas. Pendant leur concert, extrêmement bruyant, la chanteuse lance dans le public une canette de bière qui ouvrira le front d’une jeune fille. Punk rock. La cousine d’Olivier est venue le voir jouer, c’est mignon. Très bon concert, beaucoup de monde.


Concert / Avec la chanteuse de Blondie SS / Un renard des surfaces en action...

Tout le monde commence à être sérieusement bourré, les joints tournent. Marc n’est plus malade, Hugues et Nasser font un concours de danse (demain ils se disputeront longuement pour savoir qui était le meilleur), Olivier se colle une moustache de Hitler en ruban adhésif pour choquer un peu les Allemands, puis Hugues l’imite, beaucoup plus convaincant. Je discute une heure avec une allemande bourrée tombée sous mon charme démoniaque, on dit n’importe quoi et on a l’impression de super bien se comprendre. Rémi emballe une jolie blonde chez qui il va finir la nuit. Bref tout le monde semble être redevenu lui-même. J’adore ces mecs.


Quelle soirées mes aïeux! / Deux bagnard pédés / Les Dancing Queens (remarquez toutes les filles autours d'eux...)

Bref, a force il ne reste plus que nous et la serveuse, un genre de motarde tatouée très cool qui nous aligne des vodkas sur le comptoir. Un peu intimidés, on finit par capituler, et on va se coucher dans l’appart qui est juste au dessus du bar. Non sans s’être jetés comme des fauves sur le ptit dèj qui nous attendait dans le frigo. On se goinfre voracement de pain, de yaourts, de fromages et de charcuteries : la fringale du défoncé.

Chapitre 15 : Où les Hatepinks se font chier au pays des Hardcoreux...


Hugues sait faire rire ses amis allemands...

18/02/05 (Germany) - Ludwigshafen - Das Haus + Dean Dirg + Short Fuses
Le lendemain matin, en descendant mes affaires au camion, je lâche un peu brutalement mon sac par terre, et un frisson de terreur glacé me traverse en entendant un bruit de verre cassé. Vous aviez oublié les bières ? Moi aussi. Les autres chargent le camion pendant que sous leurs quolibets j’essore mes caleçons et mes chaussettes gorgés de bière. On remercie le patron en promettant de revenir, puis on part faire un tour dans la ville, à la recherche de fripes, histoire de changer, et on passe voir la cathédrale, toujours aussi impressionnante. À faire les boutiques on finit par partir à la bourre. Ce soir les Hatepinks jouent à Ludwigshafen, dans un genre de MJC, grande salle, son pourri. On mange une soupe au tofu que tout le monde déteste sauf moi. Deux groupes jouent avant, un groupe de hardcore un peu trop hardcore à mon goût, et puis Dean Dirg, super groupe, qui a fait déplacer ses fans, qui met le feu au public, et pique un peu la vedette aux Hatepinks. Concert moyen, il me semble. Je vends le tout dernier exemplaire vinyle de Sehr Gut Rock Und roll à un type qui ne semble pas plus ému que ça par l’ampleur historique de l’évènement. La maman d’Olivier et sa Tata sont venues le voir jouer, c’est mignon. Elles sont un peu effarées devant tous les punks de 16 ans bien crêteux et cloutés, et Olivier doit leur expliquer pourquoi ils dansent en se tapant dessus. Finalement, devant l’impossibilité manifeste de se bourrer la gueule à la bière, de danser, de draguer ou de se foutre à poil, on décide de rentrer chez le mec qui nous héberge. On finit la beuh, tout le monde râle un peu, parce qu’on est mal installés sur le canapé ou sur des matelas dans la cuisine pas rangée, Hugues raconte la fois où il s’est fait tabasser par des gitans quand il était jeune, c’est poignant, et puis, bon, on se couche.

Chapitre 16 : Où les Hatepinks se font encore chier au pays des Hardcoreux...


Hugues, aprés avoir fais rire ses amis allemands sait encore les surprendre...

19/02/05 (Germany) - Stuttgart - Komma + Dean Dirg + Short Fuses + An Albatross
Le végan qui nous héberge à l’idée bizarre de nous proposer du pâté végétarien aux champignons pour le petit déjeuner. Bof. On part pour Esslingen, un bled proche de Stuttgart, notre dernière étape. Tout le monde est un peu triste que ce soit bientôt fini et tente de le dissimuler sous une attitude virile et bourrue. On fait une petite halte pour visiter Heidelberg, très belle ville où me semble-t-il ont vécu plein de philosophes célèbres. Je suis copilote, et pas loin de l’arrivée je décide de nous perdre un peu, histoire de rappeller à tout le monde que je suis là. On erre une heure de bretelles en périphériques dans la banlieue de Stuttgart, ça tombe bien, je crois qu’ils commençaient à m’apprécier un peu. Puis on arrive au Koma, un genre d’immense maison de la culture. Les Hatepinks jouent après trois groupes, les deux groupes d’hier plus « An albatros », un groupe de hardcore progressif mené par un clone d’Iggy Pop, pas mal. Une fois de plus, le public est venu pour les Dean Dirg, et quand les Hatepinks jouent, plein de gens s’en vont pour ne pas rater le dernier métro. Du coup tout le monde fait la gueule, et on a beau picoler, l’ambiance est morose. Je discute un peu avec le chanteur des Dean Dirg qui m’apprend qu’il est étudiant en fabrication de meubles, et qu’il ambitionne de devenir bientôt professeur dans cette même discipline. Enfin, si j’ai bien tout compris. Bon voilà, j’aurais bien aimé raconter une dernière soirée en apothéose, où nos esprits déchaînés et libres comme des bébés busards auraient une fois de plus repoussé les limites humaines du possible, mais tout le monde tombe d’accord pour se lever tôt demain, partir vite et être rentrés pas trop tard à la maison. Alors c’est tout.


Voilà c'est fini...

Chapitre 17 : Où les Hatepinks repartent vers de nouvelles aventures...

Retour

Donc on se lève tôt, on fait la route très vite, vu que je conduis pas, et on arrive à temps pour le film de cul de M6. Cette nuit-là, tout seul chez moi, je repense à toutes ces aventures, à tout ce que j’ai appris, compris sur les gens et le monde, je sens que déjà je suis un autre homme, plus mûr et plus sage. Comme je m’endors, sobre pour la première fois depuis deux semaines, me reviennent à l’esprit les éternelles paroles du sage :

« Toutes les bonnes choses ont une fin, sauf les Wurtz, qui en ont deux. »

 

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